Le fait de prendre conscience que nous avons tous beaucoup de choses à améliorer et sur lesquelles travailler, nous conduit à juger les autres équitablement. Dans cette idée, Rabbi Nah’man a dit que l’on doit chercher le bien, même chez la –apparemment- pire des personnes (voir Likoutey Moharan I: 282).
Pourquoi devrions-nous chercher un bon point chez une personne mauvaise, ou chez une personne apparemment insupportable, que nous n’arrivons pas à tolérer ? Intrinsèquement, l’âme divine en chaque personne est bonne, car c’est une minuscule étincelle de Divinité. Le mal que manifeste une personne est la manifestation de son incapacité ou de son refus de vaincre son mauvais penchant. En cherchant un bon point, on trouve un « rayon de lumière » chez la soi-disant mauvaise personne, et un peu de lumière compense les ténèbres les plus épaisses. Ainsi, comme l’explique Rabbi Nah’man, en trouvant un bon point chez cette personne, elle commence réellement à agir d’une manière positive.
En voyant le mal chez les autres, nous avons nous-mêmes un lien avec le mal. Notre propre examen constant de nous-mêmes nous permet de comprendre les autres. Une personne humble pense, « Wow, si Hachem ne m’avait pas aidé, j’aurais pu être encore pire que cette personne ! » Elle ne juge pas les autres, et si elle le fait, elle leur donne le bénéfice du doute. Et en jugeant les autres favorablement et équitablement, nous aidons leur bien inhérent à faire surface et à s’exprimer, et littéralement, à rendre le monde meilleur.
Celui qui est vrai avec lui-même peut renforcer les autres. Il peut encourager les âmes déprimées et désespérées et toutes les autres âmes brisées. En effet, il peut s’identifier à elles et leur dire : « Je ne suis pas meilleur que vous, j’ai aussi touché le fond et fait des choses terribles, j’ai fait des erreurs à droite et à gauche, mais vous pouvez dépasser tout cela ; Il suffit de se tourner vers Hachem, c’est pour de vrai ! Laissez-moi vous en parler, mon frère, ma sœur… »
La différence entre le succès et l’échec ou entre la joie et la tristesse revient à connaître notre place légitime sur l’échelle spirituelle. Bien sûr, ce n’est pas facile. Cela demande des heures d’auto-évaluation quotidienne, de prière personnelle, de techouva, de confession sincère. Cela signifie vivre la vérité de l’endroit où nous sommes dans le monde et, une fois pour toutes, cesser de nous duper. Laisser derrière nous le monde magique de Disney – il ne devrait même pas exister dans notre cœur ou notre tête.
Dans l’une de ses fameuses paraboles, Rabbi Nah’man parle d’un prince qui a perdu la raison ; le prince se prend pour un dindon, engloutissant et picorant des graines sur le sol, sous la table de la salle à manger. Personne ne réussit à guérir le prince, jusqu’à ce qu’un homme sage vienne et s’identifie complètement avec le prince, agissant lui aussi comme une dinde. Petit à petit, le sage parvient à ramener le prince à la santé mentale.
La leçon que l’on tire de la parabole ci-dessus est profonde : lorsque nous sympathisons avec les autres et que nous ne nous différencions pas d’eux parce que nous savons que nous pourrions facilement être à leur place, il devient facile de les comprendre au lieu de les juger. Tout le monde aime la compréhension et l’empathie, mais personne n’aime être jugé. On ne peut pas aider quelqu’un d’autre en le prenant de haut. En nous identifiant aux autres et en nous mettant à leur niveau, nous pouvons vraiment leur faire du bien. Mais, il ne faut jamais avoir un sentiment d’arrogance ou de supériorité, car les mots émanant de la malhonnêteté – et il n’y a pas de plus grande malhonnêteté que l’arrogance – n’ont aucune influence.
Quand quelqu’un s’identifie à vous et que vous sentez qu’il vous comprend parce qu’il a éprouvé les mêmes difficultés que vous dans la vie, vous vous sentez rempli d’espoir. S’il a pu se relever en renforçant sa emouna et en parlant à Hachem, alors je le peux aussi ! Mais, pour s’identifier aux autres, on doit réaliser sa véritable position sur l’échelle spirituelle et reconnaître ses propres défauts. En tant que tel, une personne honnête et humble ne juge personne sur quoi que ce soit.
Juger les autres est dangereux, car la Cour céleste nous juge selon les mêmes critères que nous jugeons les autres. Nos sages nous avertissent de ne jamais juger une autre personne si nous n’avons pas été dans la même circonstance. Seul Hachem est qualifié pour juger les gens, car seul Hachem connaît tous les faits pertinents qui peuvent complètement changer le tableau, de coupable en innocent. Une fois que nous nous rendons compte que nous sommes tout simplement incapables de juger les autres équitablement, alors nous arrêtons de les juger complètement. Plutôt que de juger, nous nous identifions à eux et avons de la compassion pour eux, tout comme Hachem le fait pour nous. Nous agissons envers les autres de la même manière que nous voudrions que les autres agissent envers nous, si nous étions dans leur situation. Et, si nous jugeons, nous jugeons en toute indulgence et compréhension, tout comme nous voudrions que les autres nous jugent.
Aujourd’hui, tout le monde connait l’importance de la joie, même les scientifiques ont compris qu’elle influe sur la santé. La joie, c’est le succès, c’est le lien qui passe entre les gens. Si une personne est joyeuse, on veut s’approcher d’elle, et c’est vrai aussi dans le couple. Dis-moi, » le Rav me questionne, « Tu crois qu’on peut construire son couple avec une personne triste ? Et l’éducation des enfants : un homme qui n’est pas joyeux peut-il éduquer ? Celui qui est joyeux réussira dans la vie, » il déclare sans hésiter.
« Et je ne parle que de ce monde-ci, sans parler encore de servir D.ieu. La joie multiplie la valeur de ton service de D.ieu par mille.
Maintenant la grande question : qu’est-ce-que la joie ? La réponse est simple : la joie, c’est d’être satisfait de son lot. Rien d’autre. Il n’est pas possible qu’un homme soit dans la joie s’il n’est pas satisfait de ce qu’il a. Sinon, c’est une fausse joie. Et que veut dire se satisfaire de son lot ? On parle du bien qu’Hachem lui envoie ? Bien sûr ! Mais « son lot, » ce sont ses défauts, ses manques, ses échecs. Ses difficultés. C’est là l’essentiel – te satisfaire de ce qui te manque. C’est en fait un degré d’humilité qui t’aide à comprendre ta juste valeur, qui te fait accepter les manques. Quelque chose ne s’est pas passé comme je voulais ? C’est pour mon bien éternel. Les échecs sont porteurs d’un message. Les gens qui ont l’air de réussir et pour qui un manque n’est pas synonyme de joie ne sont pas vraiment heureux ».
Hazak. Merci.