En général, croire que la prière de l’homme doit être acceptée, est une fausse conception. Car même le juste le plus parfait ne peut penser en être digne. Comme nous le voyons, notre Maître Moché, Juste incomparable dans toutes les générations, ne demandait qu’un don gratuit, ainsi qu’il est écrit : « J’ai demandé grâce à Hachem en ce temps-là… » et Rachi explique qu’il demanda un don gratuit…
Imaginez-vous ! Le plus grand de tous les prophètes, le Juste, le pilier du monde, le libérateur du peuple d’Israël qui a fendu la mer et transmis la sainte Tora, etc. demande en suppliant : « Donne-moi un don gratuit, car je n’en suis pas digne … » A plus forte raison, chacun ne doit rien demander d’autre qu’un don gratuit. « Aie pitié de moi… Je n’en suis pas digne… »
« Je crée le fruit des lèvres »
Rabbi Nathan de Breslev a écrit dans le Liqouté Halakhoth (Yoré Déah, lois de la Mézouza, 5) :
« L’homme doit savoir à quel point il est éloigné d’Hachem béni soit-Il. Néanmoins, il doit aussi savoir et croire que du côté de Sa clémence, Hachem béni soit-Il est très proche de chacun, même de ceux qui sont très éloignés à cause de leurs actions abominables.
L’essentiel c’est la parole, car elle permet de L’appeler de très loin, et ainsi Il s’approche de nous, comme il est écrit (Psaumes 145:18) : ‘Hachem est proche de celui qui l’invoque, de tous ceux qui l’appellent en vérité’ et (Deutéronome 4:7) : ‘Quelle grande nation a des dieux qui s’approchent d’elle comme Hachem notre D. le fait chaque fois que nous L’appelons ?’ »
Voici à cet égard le verset d’Isaïe (57:19) : « Je crée le fruit des lèvres : Paix à celui qui est éloigné, paix à celui qui est proche, etc. » Car c’est par « le fruit des lèvres », c’est-à-dire par la parole, qu’on mérite « la paix à celui qui est éloigné et la paix à celui qui est proche. »
L’essentiel de la réparation passe par la parole, dans la prière et la supplication, et celui qui fait attention aux mots du verset « Je crée le fruit des lèvres », suivra un bon conseil et se renforcera dans la parole à son Créateur qui constitue l’essentiel de la réparation pour mériter « la paix à celui qui est loin, et la paix à celui qui est proche. »
En effet, la parole directe à Hachem permet d’expliciter tous les sujets. On peut parler de son éloignement, comme de son rapprochement à Hachem béni soit-Il, en évoquant la grande et infinie Clémence divine, comme nous le révélèrent nos ancêtres et nos maîtres de mémoire bénie.
Pourtant, cette causerie est en général très difficile, car du fait même de l’éloignement, on ne trouve pas ses mots, comme le sait tout débutant qui cherche à s’y habituer. Mais notre Maître de mémoire bénie nous a déjà avertis : il faut s’exercer, en dépit de tout et renforcer journellement cette coutume. Nous savons combien il a insisté sur ce point.
Car la seule volonté et la préparation de cette pratique, le simple désir de parler – même si on a du mal à le réaliser – sont déjà très précieux aux yeux d’Hachem béni soit-Il. Et si on se renforce beaucoup dans cette pratique, il est certain qu’Hachem aidera et inspirera les paroles, comme il est dit « Je crée le fruit des lèvres » – il s’agit d’une vraie création, car les paroles qui viennent à la bouche de l’homme sont alors nouvellement créées.
On comprend que l’homme soit distant de tout discours, à cause de son éloignement d’Hachem béni soit-Il. Pourtant, lorsqu’il est fort, se prépare à parler avec son Créateur et se renforce ainsi pendant une heure, sérieusement et avec un puissant désir, alors Hachem béni soit-Il l’aide par Sa clémence, crée des mots et les place dans sa bouche, comme il est dit « Je crée le fruit des lèvres ». C’est grâce à cela, qu’il mérite de connaître « la paix, destinée aux éloignés comme aux proches ».
Il est par ailleurs écrit (Proverbes 16:1) : « Les projets que forment le cœur dépendent de l’homme, mais la réponse que donne la bouche vient d’Hachem » ; l’homme doit en effet préparer son cœur, afin qu’Hachem béni soit-Il crée les mots dans sa bouche, comme il est dit (Ibid.) : « La réponse que donne la bouche vient d’Hachem. » Comme il est écrit (Psaumes 51:17) : « Hachem, puisses-Tu ouvrir mes lèvres » – car Hachem béni soit-Il ouvre Lui-même, pour ainsi dire, les lèvres pour permettre à l’homme de parler et d’exprimer les pensées de son cœur.
Tout est entre les mains d’Hachem et il suffit que l’homme se prépare sérieusement et avec un puissant désir, pour qu’Hachem l’aide à épancher son cœur et à parler. » (Fin de la citation de RabbiNathan.)
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