Parachat Vayichlah – La Peur ou la Vérité
La Paracha Vayichlah raconte plusieurs événements marquants de la vie de Yaakov, offrant des enseignements de vie pour chacun d’entre nous. Chaque épisode de cette paracha illustre des aspects du développement humain, de la foi, de la famille et des relations avec autrui. La vie de Yaakov, avec ses hauts et ses bas, ses luttes et ses réconciliations, sert de modèle et de réflexion pour les générations futures sur la manière de naviguer dans les défis de la vie, faisant face à des gens plus ou mois malhonnêtes, tout en restant fidèle à une mission divine plus grande.
1. Le Départ de la Maison de Lavan
Yaakov quitte la maison de son beau-père Lavan après 20 ans de travail, accompagné de ses femmes Rachel, Léa, des servantes et de ses enfants, pour retourner en Terre d’Israël auprès de ses parents. Sur le chemin, ses femmes lui reprochent ce départ, craignant de quitter leurs repères, leur famille et leur village pour aller vers l’inconnu. Elles savent que Ésaü, le frère de Yaakov, veut le tuer, ce qui leur fait appréhender ce risque.
La famille arrive à une rivière, et Rabbi Nathan explique que Yaakov s’est fait comme un pont pour faire passer sa famille de l’autre côté de la rivière. Qu’est-ce que cela signifie ? Chaque patriarche est connu pour une qualité particulière qu’il a cultivée pour l’inscrire dans les gènes de ses descendants.
– Avraham représente le Hessed (la bonté), il passait son temps à accueillir et chercher des invités pour les nourrir dans le désert, les rapprochant ainsi de Dieu.
– Isaac incarne la rigueur et la discipline; il s’est laissé sacrifier par son père, demandant même de serrer ses liens pour ne pas bouger.
– Yaakov a hérité des qualités de son grand-père Avraham et de son père Isaac, alliant discipline et bonté pour atteindre la perfection, ce qui fait de lui le symbole de la Vérité.
2. La Vérité comme Guide
Ses femmes, tout comme Yaakov, avaient peur de partir, de quitter le connu pour aller vers l’inconnu et affronter Ésaü, qui menaçait de le tuer. Passer la rivière représentait vraiment la séparation avec leur passé et leur famille. Elles ont donc dû s’accrocher à Yaakov, à la Vérité, pour faire ce pas. Elles savaient que c’était la volonté de Dieu et que leur avenir était là-bas.
Nous passons tous par des moments où nous savons où est le bien, ce que Dieu attend de nous, mais nous n’avons pas les forces ou la volonté de l’accomplir. À ce moment-là, il faut s’accrocher à la Vérité, réfléchir au véritable but et se demander ce que cela nous apportera de flancher ou de résister. C’est à ce moment qu’il faut s’adresser à Dieu avec des paroles de vérité :
« Hachem, je sais que Tu veux que je fasse ce pas (… que je respecte le Chabbat, la Tsniout, ou que je fasse la paix avec quelqu’un, ou autre…), mais je n’y arrive pas, je n’en ai pas les forces, je n’en ai même pas la volonté ; pourtant j’ai envie de Te faire plaisir, j’ai envie de Te remercier pour tout le bien gratuit que je reçois en permanence, mais cela, c’est trop dur pour moi. Donne-moi la volonté, donne-moi les forces, les enseignements qui vont me motiver, les circonstances dont j’ai besoin. Aide-moi. »
Dieu nous a créés avec un mauvais penchant volontairement, pour que nous le surpassions. Mais pas seulement ! Dieu veut que nous Lui demandions de l’aide ! Si nous étions de bonnes personnes facilement, sans rien Lui demander, nous nous enorgueillirions et oublierions Dieu. Or, tout le but de la Création est de chercher et de trouver Dieu malgré qu’il se cache. C’est là tout le mérite de l’homme : chercher qui lui prodigue tout ce bien et comment remercier Dieu et créer un lien avec Lui. Nos bonnes actions n’ont de valeur que parce que nous avons un mauvais penchant. Il faut Lui demander :
« Hachem, au fond de moi, je veux faire Ta volonté, je veux faire le bien, aide-moi à trouver le Tsadik de vérité qui va me rapprocher de Toi, qui révélera le bien, l’étincelle divine qui est en moi. Aide-moi à Te servir dans la joie, avec amour. »
3. Les Retrouvailles avec Ésaü
Yaakov redoute ses retrouvailles avec son frère Ésaü, qui voulait le tuer lorsqu’il est parti, regrettant de lui avoir vendu son droit d’aînesse pour un plat de lentilles. Yaakov se prépare donc en trois étapes qui nous enseignent comment se préparer à rencontrer un ennemi :
1. Il prie Dieu de l’aider dans cette épreuve, de le protéger et de l’aider à adopter le bon comportement.
2. Il envoie des cadeaux à son frère pour l’apaiser.
3. Il se prépare à une éventuelle bataille en séparant son camp en deux.
Yaakov lutte avec un ange
Yaakov se battra toute la nuit avec l’ange d’Essav qui représente l’ange du mal.
Et comment va-t-il s’en sortira ?
Comment combattre un ange? L’ange du mal!
Yaakov , va faire comprendre à son frère, qu’il a respecté chez Lavan toute la Torah et les Mitsvot, qu’il revient avec pleins de richesses. ( car la richesse s’acquiert lorsqu’on dépasse le Yetsera de la colère)
Essav, lui, représente la Royauté du Mal, c’est un homme colereux, sanguinaire , qui ment, ruse, tue et manipule.
Yaakov voulait lui signifier ainsi:
“je n’ai pas peur de toi, tu ne pourras rien contre moi, car j’ai battu mon Yetserara alors que toi tu es soumis au tien et donc D.ieu me protègera”.
Et en effet, il va se battre avec cet ange du mal toute la nuit et en ressortir vainqueur.
C’est alors que l’ange le bénira et lui dira: “à présent tu ne t’appelles plus Yaakov mais Israël “
Yaakov demande alors à cet ange: “comment t’appelles-tu?” et l’ange lui répondra: “Ne pose pas de question“.
Car la force du Yetserara c’est de nous empêcher de nous poser des questions, de réfléchir au but de la vie, à ce qui a vraiment de la valeur sur terre.
En revanche, la force du Juif c’est de se poser les bonnes questions et de ne pas avancer bêtement comme un âne.
La force du Juif c’est l’étude et l’application de la Torah, c’était précisément l’emblème de Yaakov Avinou qui mérita de porter le Nom d’Israël.
Le Am Israël ne mérite son titre et la protection Divine que s’il se bat avec son Yetserara.
La rencontre avec Ésav
Éssav dira à Yaakov :
« Pourquoi tous ces cadeaux ? J’ai beaucoup, mon frère, garde ce que tu as. » Yaakov répondra : « C’est pour trouver grâce à tes yeux. Dieu m’a favorisé et je possède TOUT. »
Nos sages nous enseignent ici que le Racha, qui est loin de Dieu, a besoin d’avoir beaucoup de choses pour se sentir bien, alors que le Tsadik, qui cherche son plaisir avec Dieu, se contente de ce qu’il a pour être heureux. Il a le sentiment d’avoir tout. Si un Juif ressent un manque, une angoisse, il doit chercher dans son âme et non dans ses biens matériels ce qui lui manque. Car si son âme est en paix, s’il fait ce que Dieu attend de lui, il aura le sentiment qu’il a tout.
4. Le Drame de Dina
« Dina, la fille que Léa avait enfantée à Yaakov, sortit faire connaissance avec les filles du pays. Chekhèm, gouverneur du pays, la remarqua ; il l’enleva, s’approcha d’elle, et lui fit violence. »
Béréchit 34:1
On apprend ici que le propre du Peuple Juif est d’être séparé des autres nations. Dina eut envie de sortir, comme beaucoup de jeunes filles, et se mit ainsi en danger, car la protection d’Israël ne l’accompagnait plus. La pudeur des femmes juives est leur plus grande protection.
Il existe d’autres explications à cet épisode. Rachi nous dit que Dina est décrite comme étant la fille de Léa pour souligner : « Telle mère, telle fille. » Le fait que sa mère Léa soit sortie pour chercher Yaakov peut être perçu comme un manque de pudeur, ce qui a entraîné chez Dina une tendance similaire, la poussant à sortir voir les filles du pays. Pourtant, « Toute la gloire de la fille du roi se trouve dans l’intériorité » (Psaumes 45:14).
Une autre explication indique que lorsque Jacob traversa le gué de Yabok avec ses onze fils, Rachi demande où était Dina. Yaakov l’avait cachée de peur qu’Essav, son frère Racha, veuille l’épouser et la détourner de son niveau. Or, Dina était assez forte pour emmener Essav au repentir et le ramener sur le bon chemin. Le viol de Dina fut donc aussi une punition pour Yaakov. Ce message montre que nos enfants héritent non seulement de nos traits physiques, mais aussi de nos traits de caractère et de nos potentiels.
5. Retour à Béthel et Décès de Rachel
Après que Shimon et Lévi ont décimé la ville de Chekhem pour venger le viol de leur sœur, Yaakov et sa famille se dirigèrent vers Béthel. « Dieu réapparut à Yaakov, à son retour du territoire d’Aram, et Il le bénit. Dieu lui dit : “Tu te nommes Yaakov ; mais ton nom ne sera plus Yaakov, Israël sera ton nom” ; et Il lui donna ainsi le nom d’Israël. […] Et la terre que J’ai octroyée à Avraham et à Isaac, Je te l’accorde, et à ta postérité après toi Je donnerai ce pays. »
(Béréchit 35:9)
Par la suite, Rachel mourut en accouchant de Binyamin.
Pourquoi Rachel est-elle Enterrée sur le Chemin ?
Rachel, la femme bien-aimée de Yaakov, est enterrée sur le chemin près de Bethléem, plutôt que dans le Caveau des Patriarches à Hévron, où sont enterrés Avraham, Sarah, Itshak, Rivka, et plus tard Léa. Cette situation est riche en signification et a été interprétée de plusieurs manières.
Une des explications les plus célèbres est liée à la prophétie de Jérémie (31:15), où Rachel est décrite comme pleurant pour ses enfants lorsqu’ils sont emmenés en exil. Selon cette interprétation, Rahel, la mère et gardienne spirituelle des enfants d’Israël, a été enterrée sur le chemin précisément pour qu’elle puisse être un symbole de réconfort pour les générations futures.
Son sacrifice de donner les signes à Lea pour épouser Yaakov à sa place sera un argument de taille devant le Tout-Puissant. Lorsque les enfants d’Israël seront punis et exilés pour avoir suivi d’autres dieux, ils viendront pleurer sur la tombe de Rahel et elle les défendra devant D.ieu : « Moi, un être de chair et de sang, je n’ai pas été jalouse de ma sœur et j’ai donné ma rivale à mon âme sœur, comment Toi pourrais-Tu être jaloux de faux dieux inanimés ? »
Et c’est la plaidoirie de Rahel qui l’emportera sur toutes les autres pour sauver les Béné Israël.
Le Rabbi de Loubavitch et d’autres commentateurs soulignent que Rahel, en étant enterrée sur le chemin, remplit une mission spirituelle unique. Cela reflète l’idée que parfois, la sainteté doit être présente non seulement dans des lieux établis, mais aussi là où elle est le plus nécessaire, en particulier dans des moments de transition et de difficulté.
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